Parce que qui de mieux qu’un ancien fumeur de joint pour vous parler cannabis ?
Mon premier joint
Comme je le précisais dans la page « Qui suis-je », je suis entrée assez vite dans la drogue, l’alcool dans un premier temps. Car oui pour moi, l’alcool est une drogue. Pour affronter ma timidité maladive je me suis tourné vers la facilité, à savoir l’alcool. Dès 16 ans, j’ai vécu ma première « cuite » dans un festival avec des amis plus âgés. L’alcool est tellement ancré dans la culture bretonne que j’en étais fière. Mes années lycée étaient ponctuées de beuveries avec mes amis de l’époque, presque tous les week-ends. C’est aussi dans ces années que j’ai testé pour la première fois le cannabis avec mes deux meilleurs amis de l’époque.

Alors âgé de 17 ans, nous avons acheté un peu de « beuh » à une connaissance dealeur pour tester un samedi soir chez un des deux amis. Nous avons acheté des feuilles à rouler puis nous avons roulé difficilement notre premier joint, avec un filtre pour cigarette… Très souvent la première prise ne fait aucun effet, alors avec un filtre cigarette vous ne serez pas surpris que cela ne nous a fait aucun effet. Mon ami chez qui nous étions a alors sorti la chicha de ses parents. Nous avons préparé la chicha très maladroitement, certainement de la mauvaise manière car cela ne nous a absolument rien fait. Nos amis se sont bien moqués de nous la semaine suivante lorsque nous racontions notre échec.
Suite à cela je me suis contenté de tirer sur les joints présents lors des nombreuses soirées, où les effets, combinés à ceux de l’alcool me procurait beaucoup de plaisir. Habitant encore chez mes parents, ma mère étant très stricte sur l’usage des drogues, je n’ai même pas envisagé d’en fumer la semaine. J’ai par contre commencé à fumer du tabac tous les jours.
Les drogues dures

C’est à mon arrivée sur Paris que j’ai testé les drogues dures telles que MDMA et ectasy en soirée électro. Très à la mode, rares sont ceux qui ne sont pas drogués dans ces types de soirées. Si ces drogues sont moins addictives c’est peut-être car la « descente » est plus dure. Pour 4 à 5 heures de « montée », très agréable il faut le dire, le retour de bâton est d’autant plus violent. Cela peut durer plus de 24h si c’est mal dosé. Le cannabis rend la « descente » beaucoup plus supportable, le cercle vicieux se met en place. Je consommais déjà de l’alcool seul chez moi les week-ends où aucune soirée n’était prévue.
Je suis parti au Brésil avec deux amis, dont un fumeur de joint quotidien. Il avait hérité des bonnes habitudes de sa mère. Lors d’une soirée, un autre touriste nous propose de tester la cocaïne. Le potentiel addictif de cette drogue est très important, une prise fait effet entre 30 minutes et 1 heure, s’ensuit l’envie irrésistible de reprendre une trace pour retarder la descente. Le problème est que plus les prises se multiplient et plus l’effet est moindre et plus la descente est violente. Bon courage pour dormir après ça. Là aussi le cannabis permet d’adoucir la descente. J’en garde de très mauvais souvenirs, j’ai vomis toute la nuit.
De retour sur Paris, mon autre ami à continuer à en acheter, le dealer d’ecstasy et MDMA proposait aussi de la « c », bien évidemment. Il est tombé dans l’engrenage jusqu’à en prendre au travail le lundi pour supporter la journée de travail après un week-end de fête. Toute notre bande d’amis à commencer à en consommer, y compris moi, les soirées finissaient en moyenne à 10h du matin. J’étais néanmoins le seul à fumer du cannabis pour supporter la descente.
Cannabis tous les jours
Le point de bascule est arrivé peu après avoir rencontré ma future femme, que j’ai à l’époque sauvé de la cocaïne. Nous nous sommes rencontrés au travail. Nous étions tous les deux très ouverts sur la drogue, donc. Elle tient ça sûrement de sa mère, elle-même consommatrice de drogue dure durant sa jeunesse et alcoolique aujourd’hui. Nous avons décidé conjointement (sans mauvais jeu de mot) à consommer tous les jours un petit pétard le soir après le boulot. Si notre rencontre nous a permis de nous calmer sur les drogues dures, nous consommions toujours plus de cannabis. Le rythme de croisière était de deux le soir après le travail et trois à quatre les week-ends.
Jusque là je m’étais refusé de consommer du cannabis tous les jours, j’avais peur d’être accroc (même si je l’étais déjà sûrement inconsciemment). J’attendais peut-être d’être plus heureux et plus stable dans ma vie. J’avais conscience que, étant toujours dans un mal-être, la fumette ne me ferait pas du bien. Je commençais aussi tout juste ma carrière professionnelle dans des petites puis des grandes entreprises, il fallait que je fasse mes preuves. C’est lorsque j’ai pris confiance en moi professionnellement, de part mon expérience accumulée dans différents services et grosses structures, mais aussi de par l’amour que me portait ma copine que je me suis permis de consommer de manière quotidienne. « On arrêtera quand on aura des enfants ».
Je pense donc que le début de ma dépendance au cannabis est multifactoriel. Le point de départ serait la consommation hebdomadaire d’alcool ; le fait que je sois fumeur de tabac (autour de 5 par jour) aurait permis de faire sauter une barrière ; puis les drogues dures et enfin le fait que je me sente plus « en sécurité » psychologiquement.