L’origine du cannabis

Le cannabis est originaire d’Asie centrale, notamment des régions qui correspondent aujourd’hui à la Chine et l’Inde. Dès 10 000 avant J.-C., des traces de sa culture existent. À l’époque, les premières utilisations étaient surtout industrielles. On cultivait le cannabis pour ses fibres, utilisées dans la fabrication de tissus et de cordages. En Chine, l’empereur Shen Nong, vers 2 700 avant J.-C., documente ses vertus médicinales. On l’utilisait pour soulager des douleurs et traiter divers troubles digestifs.
En Inde, le cannabis avait une place sacrée. Il servait lors de cérémonies religieuses et était consommé sous forme de bhang, une préparation à base de cannabis. Ce mélange était souvent pris lors de fêtes spirituelles pour induire une forme de relaxation ou d’extase.
L’expansion dans l’Antiquité
Le cannabis s’étend rapidement au-delà de l’Asie. Les Mésopotamiens, puis les Assyriens et Babyloniens, l’utilisaient à des fins médicinales. Les Grecs et les Romains le connaissaient, mais son usage restait limité. Le cannabis entre dans la médecine arabe au Moyen Âge, où il devient une plante médicinale importante. Les musulmans l’utilisaient pour traiter diverses maladies, mais aussi pour ses effets relaxants.
Le cannabis au Moyen Âge et à la Renaissance
En Europe, le cannabis ne devint vraiment populaire qu’après la découverte de l’Amérique. Durant la Renaissance, l’Europe commence à l’utiliser, surtout pour la fabrication de textiles. À cette époque, les voiles de bateaux et les cordages sont faits de chanvre, une variété de cannabis. Cependant, son usage récréatif reste limité. Il faudra attendre plusieurs siècles avant que le cannabis retrouve un rôle central dans les pratiques populaires et médicales en Europe.
Le cannabis au 20e siècle : criminalisation et stigmatisation
Au début du 20e siècle, l’usage du cannabis devient un sujet de polémique, surtout aux États-Unis. L’immigration mexicaine introduit le cannabis à des fins récréatives dans les années 1920, ce qui provoque une réaction violente. Le gouvernement américain, avec l’aide de figures comme Harry Anslinger, met en place une campagne de dénigrement de la plante. En 1937, le gouvernement adopte le Marihuana Tax Act, interdisant la culture et la consommation de cannabis dans tout le pays.
Au même moment, les politiques de prohibition commencent à se répandre dans le monde. De nombreux pays suivent l’exemple des États-Unis. La culture populaire commence alors à associer le cannabis à des comportements marginaux et à la délinquance. Pourtant, l’usage de la plante persiste, notamment dans les communautés afro-américaines, qui la consomment lors de soirées et d’événements sociaux.
La cannabis au Maroc

Le cannabis a une longue histoire au Maroc, particulièrement dans la région du Rif, où il est cultivé depuis des siècles. Dès le Moyen Âge, pendant la dynastie des Almoravides, il était déjà utilisé à des fins médicinales et spirituelles. La culture de la plante a prospéré en raison de ses propriétés thérapeutiques et de ses effets relaxants.
Sous le protectorat français, entre 1912 et 1956, la culture du cannabis s’intensifie. Le Maroc devient un important producteur, avec une forte demande pour l’exportation, notamment vers l’Europe. Les agriculteurs du Rif, confrontés à des conditions économiques difficiles, trouvent dans la culture du cannabis une source de revenus plus lucrative que d’autres cultures.
Après l’indépendance du pays en 1956, le gouvernement marocain décide de réprimer la culture du cannabis. En 1974, une loi interdisant sa culture, sa vente et sa consommation est instaurée. Toutefois, cette interdiction n’a pas empêché la culture illégale, et le Maroc reste l’un des plus grands producteurs mondiaux de résine de cannabis, largement destinée au marché européen.
Récemment, le débat sur la légalisation du cannabis a pris de l’ampleur. En 2021, le Maroc a légalisé l’usage du cannabis à des fins médicinales. Cette décision pourrait avoir des effets significatifs sur l’économie rurale, notamment dans le Rif, qui dépend encore largement de cette culture.
Le cannabis dans la culture moderne
Dans les années 1960, la contre-culture hippie fait une place centrale au cannabis. En pleine rébellion contre les conventions sociales, les jeunes utilisent la drogue pour ses effets relaxants. Le mouvement progresse et le cannabis devient un symbole de liberté et de rébellion. Bob Marley, notamment, popularise l’usage du cannabis à travers la musique reggae.
Mais en parallèle, les autorités intensifient leur répression. La guerre contre les drogues des années 1980 place le cannabis au centre des préoccupations sociales, malgré sa popularité croissante. Aux États-Unis, le Controlled Substances Act de 1970 classe le cannabis parmi les drogues les plus dangereuses.
Le cannabis médical et les débats contemporains
À partir des années 1990, une réévaluation des effets du cannabis commence. Des études médicales montrent son potentiel pour soulager certaines douleurs et traiter des symptômes liés à des maladies graves. En 1996, la Californie devient le premier État américain à légaliser le cannabis médical. D’autres États suivent rapidement, et le cannabis médical devient largement accepté.
En 2012, le Colorado et l’État de Washington deviennent les premiers à légaliser le cannabis à des fins récréatives. Cette législation suscite des débats dans de nombreux autres pays. Le cannabis fait également son retour dans la recherche scientifique, avec des études explorant ses effets sur des maladies comme l’épilepsie et la sclérose en plaques. En 2018, le Canada devient le deuxième pays à légaliser le cannabis récréatif à l’échelle nationale.
Conclusion : L’avenir du cannabis
L’histoire du cannabis est marquée par des contradictions. D’une plante médicinale, elle est devenue une drogue stigmatisée et criminalisée. Aujourd’hui, de nombreux pays réévaluent son statut juridique. La demande de cannabis à des fins médicales et récréatives est en forte hausse, et de nombreux pays adoptent des politiques plus souples. L’avenir du cannabis semble plus ouvert que jamais, mais les débats autour de ses effets sur la santé, de ses risques et de ses bienfaits continuent.